Contrairement à Kerguelen, Amsterdam et Saint-Paul, la souveraineté française sur les îles de l'Archipel Crozet n'est toujours pas établie au début du 20ème siècle. Certains soulignent l'intérêt stratégique et économique de tels territoires, comme dans cet article de la Revue coloniale en 1901. La souveraineté française ne concerne pas non plus l'Ile Marion située plus à l'ouest. En 1904 pourtant, le Royaume-Uni demande à la France de lui céder cette dernière, qui lui est accordée. Dans les années qui suivent, campagnes de pêche, naufrages et expéditions se poursuivent.

En juillet 1909, le Waratah, un navire de ligne disparaît au cours de son deuxième voyage, entre les deux escales sud-africaines de Durban et Le Cap. Dix ans plus tôt, le Waikato, victime d'une avarie moteur, avait dérivé pendanté 14 semaines avant d'être retrouvé au large de l'île d'Amsterdam. Entre les mois de septembre et décembre 1909, la Sabine sillonne les eaux situées au sud-est de l'Afrique du Sud, visite les îles de l'Archipel Crozet. Aucune trace du Waratah n'est alors retrouvée. D'autres recherches également vaines sont tentées entre février et juin 1910 par le Wakefield, au cours desquelles les Iles Crozet sont à nouveau visitées.

En décembre 1928, c'est un cinq-mâts danois, le København, qui disparaît entre l'Amérique du sud et l'Australie. Au début de 1929, une campagne de recherche dans les îles australes, dont l'Archipel Crozet est menée par le Deucalion. Le capitaine Melling a cependant reçu des consignes de prudence,en raison de l'imprécision des cartes, et pour éviter un nouveau naufrage reste à plus de deux milles des côtes.

Le 2 novembre 1929, l'expédition du Discovery II menée par Douglas Mawson arrive en vue de l'Ile de la Possession. Cette expédition de recherche à destination de l'Antarctique associe la Grande-Bretagne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Le navire jette l'ancre dans la Baie Américaine, et l'équipage réalise à terre des mesures du champ magnétique et des observations astronomiques. Un hydravion présent à bord est vraisemblablement utilisé pour le premier survol de Crozet, et des photographies de la Baie Américaine sont prises. Le 4 novembre, l'expédition embarque pour Kerguelen.

Bien que la souveraineté française sur Crozet ne soit pas encore officielle, elle est considérée comme telle. En effet, depuis le passage de l'Eure en 1893, les Kerguelen sont bien françaises de même que Saint-Paul et Amsterdam. La concession de ces îles a été accordée à Henri Bossière, et après la première guerre mondiale les chasseurs baleiniers basés à Kerguelen poussent parfois leurs expéditions jusqu'à Crozet. En 1923, Etienne Peau est envoyé à Crozet pour officialiser la souveraineté française mais il ne peut y débarquer.

Cependant, le ministère des Colonies publie en 1924 un décret rattachant Crozet, Kerguelen, Amsterdam et Saint-Paul à l'administration du Gouvernement Général de la France à Madagascar, basé à Tamatave. Sept ans plus tard, en janvier 1931, l'aviso Antarès est envoyé aux Iles Crozet pour officialiser la situation. Le commandant Pérot effectue deux cérémonies de prise de possession sur l'Ile aux Cochons et dans la Baie Américaine de l'Ile de la Possession où la borne est toujours visible. Plusieus noms sont laissés lors de cette mission : le Cap de l'Antarès, la Pointe Basse, le Cap Chivaud et la Baie du Petit Caporal.

Antarès (1981)

"Notre pavillon flotte à présent dans le grand vent du sud. Frêle étamine tricolore, combien de temps résisteras-tu à ce vent farouche ? Combien de temps garderas-tu vivant sur ta hampe solitaire le symbole de ton pays ?" (Pérot, 1931)

Bougainville (2003)

En l'absence d'occupation permanente de l'archipel, l'aviso Bougainville est envoyé à Crozet en janvier 1939. Sous le commandement de Fabre de la Ripelle, une cérémonie aux couleurs est effectuée sur l'Ile de la Possession, et une borne portant une plaque de bronze est mise en place au-dessus de la Baie du Marin qui reçoit ce nom à cette occasion. Des observations zoologiques, océanographiques et magnétiques sont menées à l'occasion de cette expédition. Les noms de Seince, chargé des études minéralogiques, et de Max Douguet, lieutenant de vaisseau chargé de travaux hydrographiques, sont laissés à deux pointes voisines. René Jeannel, professeur au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris participe au voyage et publie en 1941 Au seuil de l'Antarctique. Croisière du Bougainville aux îles des manchots et des éléphants de mer.

Après la seconde guerre mondiale, l'Australie et l'Afrique du Sud font savoir aux puissances européennes que les îles australes doivent être soit réellement occupées, soit cédées. Les îles Marion et du Prince Edouard sont alors cédées à l'Afrique du Sud par le Royaume Uni. La France, en revanche, envoie en 1949 l'aviso La Pérouse commandé par Pierre Sicaud réaffirmer la souveraineté à Crozet, où une plaque de bronze est fixée, et à Kerguelen, où la première base va être créée.

La Pérouse (2000)

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