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Cap à l'est, les deux navires atteignent un nouvel archipel le 22 janvier 1772. Il s'agit du groupe occidental des îles Crozet : îles des Apôtres, île aux Cochons et île des Pingouins, ensemble que Marion-Dufresne baptise îles Froides.
Le 24 janvier 1772, deux jours après la découverte du groupe occidental des îles Froides, l'île de la Possession et l'île de l'Est sont en vue. Julien Crozet, second du Mascarin est envoyé à terre où il effectue une cérémonie de prise de possession en déposant une bouteille contenant un parchemin au nom du roi Louis XV. L'île est nommée île de la Prise de Possession, et sa voisine orientale île Aride.
A onze heures, M. Marion fit mettre un canot à la mer, et m'ordonna de m'y embarquer pour aller prendre possession, au nom du Roi, de la plus grande des deux îles, qui est située par la latitude méridionale de 46°30', et par la longitude estimée à l'orient du méridein de Paris, de 43°. M. Marion la nomma l'île de la Prise de possession. C'était la sixième île que nous découvrions dans cette partie australe.
Dès que j'eus mis pied à terre, mon premier soin fut de déposer, selon l'usage, la bouteille qui renfermait l'acte de prise de possession, sur le sommet d'une pyramide élevée de 50 pieds au dessus du niveau de la mer, et formée par de grosses roches entassées les unes sur les autres. L'endroit où j'ai débarqué ne présente que des pierres.
Je gagnai aussitôt une éminence, d'où je découvris de la neige dans plusieurs vallées : la terre paraissait aride, couverte d'un petit gramen très-fin. J'y remarquai plusieurs de ces plantes grasses qu'on nomme ficoïdes, semblables à celles qui sont si communes au cap de Bonne-Espérance. Le goêmon qui bordait la côte était d'une grosseur extraordinaire et portait des feuilles très-larges.
Je ne pus découvrir dans cette île aucun arbre ni arbrisseau. Je n'y ai pas resté assez longtemps pour trouver de l'eau douce, mais il y a apparence qu'on en trouverait dans les vallées que j'ai aperçues de l'éminence où j'étais monté.
Cette île, exposée aux ravages continuels des vents orageux de l'ouest, qui règnent toute l'année dans ces parages, ne paraît pas habitable. Je n'y ai trouvé que des loups marins, des pingoins, des damiers, des envergures, des cormorans, des plongeons, et de toutes les espèces d'oiseaux aquatiques que les navigateurs rencontrent en pleine mer, lorsqu'ils passent le cap de Bonne-Espérance. Ces animaux, qui n'avaient jamais vu d'hommes, n'étaient point farouches, et se laissaient prendre à la main. Les femelles de ces oiseaux couvaient leurs œufs avec tranquillité ; d'autres nourrissaient leurs petits : les loups marins continuaient leurs sauts et leurs jeux en notre présence, sans paraître le moins du monde effarouchés.
Je remarquai avec surprise un pigeon blanc, qui était sans doute égaré de quelque terre voisine. On pourrait, ce me semble, en augurer que nous n'étions pas fort éloignés d'une terre plus considérable, et qui produit des grains propres à la nourriture des pigeons. La rencontre d'une glace très-grosse dans un parage situé au milieu de la zone tempérée, vient encore à l'appui de cette opinion.
M. CROZET
Extrait du Nouveau voyage à la mer du sud.
source des timbres : Philatélie des TAAF ; référence : PA027 (avec l'autorisation de Mathieu Débarbouillé)
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