Chronologie des îles Crozet
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Page précédente Niveau supérieur Page suivante Le naufrage du Princess of Wales (1821)


Chasse à l'otarie

Le 1er novembre 1820, le Princess of Wales, cotre anglais de 75 tonneaux est en campagne de chasse aux îles Marion et du Prince Edouard. Il a quitté l'Angleterre en mai 1820, sous les ordres du capitaine William Veale. A son bord sont présents 15 membres d'équipage dont 8 chasseurs d'otaries. Les conditions météorologiques et l'absence de port obligent ces derniers à séjourner à terre sous un canot renversé, tandis que l'équipage manoeuvre sous le vent de l'île et vient les ravitailler régulièrement.

La chasse s'avère décevante, et à Noël la décision est prise de mettre le cap à l'est vers l'archipel Crozet. Le 5 février 1821, le capitaine décide de déposer ses 8 chasseurs sur l'île de l'Est où les éléphants de mer et les otaries semblent nombreux, et d'aller s'abriter sous le vent de l'île de la Possession. Le ravitaillement des chasseurs a lieu une fois par semaine.

Le naufrage

Le 17 mars, alors que le bateau est au mouillage, une tempête se lève. Le cotre appareille pour gagner la sécurité du large, mais le vent tombe brutalement, et le navire devenu ingouvernable est drossé à la côte. Dans la nuit, les 7 hommes réussissent tant bien que mal à trouver refuge à terre. Ils n'ont pu sauver du navire que ce qu'ils ont pu transporter sur eux.

Le matin du 18 mars 1821, les naufragés commencent la journée en allumant un feu alimenté par de la graisse d'éléphant de mer, tandis qu'ils en cuisinent la chair pour se nourir. Constatant que l'épave du Princess of Wales ne peut être sauvée, ils entreprennent de récupérer pièces de bois et clous, ainsi que les coffres du capitaine et du second, et une bible.

Charles Goodridge

La survie

Les naufragés organisent alors leur vie de rescapés, qui va durer près de deux années : construction d'une cabane en bois, cailloux, tourbe et peaux de pinnipèdes, confection d'habits et chaussures en peaux, cuisine à base d'éléphants de mer, d'oeufs, d'oiseaux et de poissons... Près du campement abandonné construit 15 ans plus tôt par des phoquiers américains, ils trouvent une pioche qui leur permet de creuser et de découvrir quelques autres objets qui améliorent leur quotidien. Les éléphants de mer constituent la base de leur survie : chauffage, cuisson et éclairage par le feu, nourriture, lavage, vêtements...

Le 13 décembre 1821, les 8 chasseurs "abandonnés" depuis le 10 mars sur l'île de l'Est les rejoignent, après avoir parcouru le bras de mer jusqu'à l'île de la Possession à bord d'un canot. Ils apportent evec eux la recette de préparation du chou de Kerguelen.

Le sauvetage

Ensemble, à partir du matériel récupéré par les deux groupes sur les deux îles, ils décident d'entreprendre la construction d'un bateau pour quitter cet archipel. Cependant, pour faciliter l'approvisionnement du groupe, il est décidé que 5 d'entre eux vont retourner vivre sur l'île de l'Est pendant la construction.

En janvier 1823, le groupe des 10 "charpentiers de marine" retrouve sur l'île de l'Est le groupe des 5. Alors que les 15 hommes s'apprêtent à tirer au sort pour savoir quels seront les 5 à embarquer, un navire contournant l'île est aperçu ! Après une course à travers l'île, les rescapés réussissent à se faire remarquer par un feu et embarquent à bord du bateau américain Philo commandé par Isaac Perceval.

Saint-Paul et Amsterdam

L'aventure n'est cependant pas terminée. En échange de l'hospitalité du capitaine, les rescapés participent à la campagne de chasse du Philo aux îles Saint-Paul et Amsterdam. En avril 1823, John Soper et John Newbee, deux des anciens naufragés choississent même de rester à Saint-Paul pour chasser l'otarie à leur compte, en attendant le passage d'un prochain bateau ! Ils meurent noyés dans leur barque lors du passage du Success quelques mois plus tard.

Un conflit éclate entre le capitaine du Philo et Mathias Mazora, un autre des rescapés, qui estime que le capitaine pourrait leur fournir des vêtements neufs en remplacement des peaux d'otaries. Le capitaine choisit alors de le déposer à Amsterdam avec les 9 compagnons qui le soutiennent. Seuls le capitaine Veale, son frère Jarvis et Emanuel Petherbridge restent à bord et sont débarqués à l'île de France (actuelle île Maurice). L'île Amsterdam est située bien plus au nord que les Crozet, le climat y est moins dur. Une chaumière existe et les passages de navires sont plus nombreux. Après une attente 2 mois qui leur paraît durer, 3 des 9 naufragés sont tirés au sort et embarquent le 3 juin 1823 sur le Success, premier navire qui les dépose à Hobart en Tasmanie. Il s'agit de William Hooper, John Walters et Charles Goodridge. Finalement, les 7 rescapés restés à Amsterdam y chasseront l'otarie pendant 12 mois avant d'être secourus par un autre navire de passage.

Charles Goodridge

Arrivé en Tasmanie, Charles Goodridge commence la rédaction d'un récit détaillé du naufrage du Princess of Wales et des deux années de survie qui l'ont suivi. Un extrait, véritable panégyrique de l'éléphant de mer, figure ci-dessous, et un résumé en anglais de l'aventure par Marcus Clarke ici. Le texte intégral du récit de Goodridge est aujourd'hui disponible dans l'ouvrage Castaway.

Sea Elephants served us for meat, lodging, firing, shoe leather and sewing thread. We washed in their blood and removed dirt and grease from our clothes. It was just like soap. Sea Elephant blubber and a piece of rope yarn made a lamp. The teeth formed pipe bowls, with the leg of a waterfowl as stems, and we dried the island grass and smoked it. (...) we cooked the heart and tongues. The brains were often ate raw, and they were as sweet as sugar.

Charles Goodridge

Les éléphants de mer nous servaient pour la viande, le logement, le feu, le cuir pour les chaussures et le fil de couture. Nous nous lavions dans leur sang et nettoyions la saleté et la graisse de nos vêtements. C'était tout comme du savon. La graisse d'éléphant de mer et un morceau de corde faisaient une lampe. Les dents formaient des fourneaux de pipe à tabac, avec un os de patte d'oiseau comme tuyau, et nous séchions l'herbe de l'île et la fumions. (...) nous faisions cuire le coeur et les langues. Les cerveaux étaient souvent mangés crus, et ils étaient aussi doux que du sucre.

Charles Goodridge

Naufrages aux îles Crozet
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